Quelques mots de trop

Publié le par Comité de rédaction de la Revue Anima

Je sors chaque jour de mon train quotidien, prêt à toutes les avanies visuelles.

Une gare pavoisée de publicités insensées, ça se traverse la capuche sur le nez, et je maîtrise assez bien le rythme dansant de ce slalom pressé qui me permet d'échapper ...

Mais là, je ne vais pas assez vite : je n'ai pas le temps de m'engouffrer dans l'étouffante léthargie des corridors abyssaux, je n'adopte pas assez prestement le pas cadencé de mes congénères d'acier, je ne dégaine pas assez vivement mon modulopass chantant qui m'ouvrirait le passage vers les portes automatiques cisaillant la face incrédule des foules refusées par leur rame accueillante et bondée.

Je tombe sur ces mots :

SNCF: accélérateur de rencontres

 

Je trébuche sur ces sidérants substantifs de la bêtise.

Je me ramasse, je me bourbe, je me lumencanadence.

Bref, je m'attriste et me gondole en même temps.

Pour quoi, ce turbo-slogan ?

Pour quelles têtes de turc, ce siphon nauséeux ?

Mais pour nous.

Est-ce que ce n'est pas beau ? Avant, on accélérait le pouls, les particules, le rythme.

Maintenant on speed les dates...  presse le mouvement... redouble de rendez-vous... 

A quand le cyclotron à bisous ? L'activateur à serre-pince ? L'intensificateur à mangeaille ?

Avis à tous les augmentés de l'agenda: soyez en retard, et bien en retard, ne prévenez personne, bientôt l'Attente sera la politesse des rois...

 (Pénélope devant sa tapisserie...)                                 Christophe Langlois

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